Accueil | Constitution | Les objectifs | L'estuaire de la Gironde |Au nom de l'économie| Contact

L'Esturgeon européen
Une espèce menacée d'extinction

coll. Cemagref, dessin H Launay


 “Poisson-roi” de l’estuaire, I'Esturgeon européen (Acipenser sturio) ou “créa” ou “créat” ou “créac” est le plus grand poisson d’eau douce de France. Une femelle de 14 -15 ans (première maturité sexuelle) mesure environ 2 mètres de long pour 50 à 60 kg ; un mâle de 10 à 12 ans atteint environ 1,50 m et pèse 12 à 15 kg. Ce poisson remonte l'estuaire d’avril à juin pour pondre dans les frayères de Dordogne et de Garonne. Après la ponte, les adultes retournent en mer. La plus grande partie des juvéniles restent 2 à 4 ans dans l'estuaire avant de rejoindre l’océan. Chaque année, de mars à septembre, les juvéniles (4-14 ans) remontent le bas-estuaire pour venir se nourrir : c'est la “mouvée de la Saint Jean”.

 C’est en 1920 qu'un Russe Blanc - Scott - initia quelques habitants de Saint-Seurin-d'Uzet et des environs à la confection du caviar. Les femelles d'Esturgeon étaient ouvertes et on extrayait les œufs qui étaient tamisés, lavés et brassés dans le sel. En une quinzaine d'années, l'industrie du caviar s'est organisée sur les rives de la Gironde sous la dépendance du négoce.

 Dans les années cinquante la production de caviar était de 3 à 5 tonnes par an. Puis la raréfaction des prises la fit chuter à 250 kg en 1963 et à quelques kilogrammes en 1970. C'était la conséquence d'une pêche excessive, mais aussi de la destruction des frayères lors des extractions de granulats dans le lit des fleuves.

 Pour tenter de redresser la situation, l'espèce est protégée depuis 1982 et un “programme esturgeon” a été mis en place : il s'agit d'étudier l'espèce dans son milieu (estimation du stock, étude des migrations et du fonctionnement des frayères), de rechercher les techniques de reproduction artificielle en écloserie et de lâcher des alevins.

 Près de deux décennies plus tard, l’état de la population d’esturgeons sauvages est toujours critique malgré plusieurs reproductions naturelles avérées. Un espoir est apparu en 1995 quand, pour la première fois, la station de recherche du Cemagref à St-Seurin-sur-L’Îsle a pu obtenir une reproduction en captivité et relâcher quelques neuf mille alevins sur d’anciennes frayères de Dordogne et de Garonne. Opération réussie puisque certains ont été capturés lors de pêches scientifiques menées dans l’estuaire de la Gironde. Cependant, cette reproduction n’a pu se reconduire depuis, faute de géniteurs.

 La Gironde est actuellement le seul estuaire au monde que les esturgeons européens remontent pour se reproduire. La destruction de cette population signifierait donc la disparition de cette espèce à l’échelle du globe. Mais l’Esturgeon européen n’est pas aussi populaire que l’Ours des Pyrénées, le Panda de Chine ou l’Éléphant d’Afrique. D’ailleurs, qui a déjà eu un esturgeon en peluche dans son enfance ? 
 Dans les textes, on accepte de protéger l’espèce, classée d’intérêt communautaire par les directives européennes et inscrite dans les conventions internationales de protection de la nature. Mais sur le terrain on exploite les granulats dans ses habitats essentiels, on creuse le lit de la Garonne pour favoriser le tourisme fluvial…

AC/ML-05-2000

Accueil | Constitution | Les objectifs | L'estuaire de la Gironde |Au nom de l'économie| Contact